dimanche 14 février 2016

Les "petites mains" de la Cinémathèque se révoltent. Serge Toubiana et son successeur Frédéric Bonnaud affichent leur mépris.

Cela n’a rien à voir avec le délit d’outrage, ni avec les violences policières, mais cela entre en résonance  flagrante avec la phrase de Noam Chomsky figurant depuis septembre 2008 sur "l’étendard" du CODEDO : "Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements."
C’est une des raisons pour laquelle le 275e papier publié sur ce site [tenu depuis 8 ans par un outrageur outragé, au statut social très précaire], évoquera le combat que mènent quelques employés de l’une des plus prestigieuses de ces institutions, la Cinémathèque française, pour crier leur révolte et faire entendre leur voix. En l’occurrence, par leur porte-voix, la courageuse, téméraire et très cinéphile Anna Bosc-Molinaro.
Serge Toubiana
Comme un (très) grand nombre d’institutions placées sous la tutelle de l’État, des régions ou des  entités territoriales, la Cinémathèque française emploie des personnels vacataires pour faire tourner la boutique et assurer des tâches les plus élémentaires, à savoir l’accueil des publics. Pratique pour l‘employeur, qui sous-traite avec des sociétés prestataires de services ne s’embarrassant pas de scrupules, qui ne paie pas de charges sociales et dispose d’un personnel "flexible", la méthode conduit à des situations humainement déplorables pour celles et ceux qui en font les frais… À l'extrême précarité de ces employés non salariés, dépendants de contrats avec la société City One, s’ajoute le mépris affiché par les dirigeants de la Cinémathèque – en l’occurrence Serge Toubiana –, après le coup de gueule salutaire d’une ancienne hôtesse d’accueil contre les conditions de travail des "petites gens" de l'institution. Anna Bosc-Molinaro, rejointe par plusieurs dizaines d’ex-employés de la Cinémathèque et soutenue par des cinéphiles et des critiques de cinéma tels que Pascal Le Duff.
Le départ de Serge Toubiana, à la tête de la Cinémathèque pendant treize ans, qui a tout fait pour étouffer cette affaire, notamment lors d’une grève des personnels en mai 2014, pouvait laisser espérer une attitude plus compréhensive de son successeur, Frédéric Bonnaud. qui a pris ses fonctions le 2 février. Il semblerait qu’il n’en soit rien, comme le laisse entrevoir son interview à France Musique, au cours de laquelle Frédéric Bonnaud aura ces mots quelque peu choquants dans la bouche d’un ancien journaliste qu’on a connu défendant de belles et nobles causes, notamment lorsqu’il fut viré de France Inter : "Je pense que hôtesse d’accueil, guichetier et ouvreuse, ça doit rester de petits jobs d’étudiant, au risque de choquer. Moi, je ne me vois pas bien faire un CDI à vie pour que des gens vendent des billets à la cinémathèque." 
Henri Langlois
Les cinéphiles, sans qui la Cinémathèque française, rappelons-le, ne serait qu’une coquille vide, apprécieront ce discours à faire se dresser les cheveux sur la tête-de-suaire des fantômes de Georges Franju et Henri Langlois. Et de Noam Chomsky, dont la phrase citée en exergue prend là toute sa saveur : "Le pouvoir ne souhaite pas que les gens comprennent qu’ils peuvent provoquer des changements."
Jean-Jacques Reboux

On peut écrire à Anna Bosc-Molinaro sur sa page Facebook et lire les témoignages qu’elle a recueillis (24 à ce jour) sur la page Lettres ouvertes à la Cinémathèque.
Dans les médias : le témoignage de Gaëlle, dans l’Obs ; "Un remake du mépris ébranle la Cinémathèque dans Le Monde ; l’article de Libération.

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