mercredi 8 avril 2009

Témoignage de Sophia, poursuivie pour outrage par des policiers du commissariat de la rue Truffaut (Paris 17)

PROCES DE SOPHIA LE 25 mai 2009 (reporté au 16 novembre à 9h)
Le vendredi 27 mars 2009 vers 21h00, j’avais garé ma voiture près du palais des congrès Porte Maillot sur une place autorisée. Vers 2 heures du matin, je viens la récupérer et constate qu’elle n’est plus là. Je téléphone au commissariat qui m’apprend qu’elle est à la fourrière porte Pouchet. Je prends des photos de l’endroit où ma voiture était garée pour prouver que l’enlèvement était illégal et me rends en taxi à la fourrière. Je leur explique mon problème mais rien n’y fait, ils exigent le paiement. Je leur réponds qu’il n’est pas question que je paie car ma voiture étant bien garée, ils n’avaient pas le droit de l’enlever d’ailleurs il n’y a même pas de macaron rouge ou de PV sur mon véhicule, j’ai pris des photos. Je demande à ce que l’on appelle la police et je récupère ma voiture.
Je me gare devant la barrière de sortie et attends l’arrivée de la police. Ils arrivent et la conversation commence à peine que je suis déjà accusée par un policier d’être folle et saoule. Il me dit que lorsque l’on a pas les moyens de payer 136 euros, on ne possède pas de voiture que j’ai dû très certainement payer avec des aides sociales. Je lui réponds qu’il n’a pas à me parler ainsi et que si je les ai fait appeler c’est parce que j’avais besoin d’assistance. Cela dure ainsi pendant au moins vingt minutes où même je demande à passer le test d’alcoolémie qui est négatif mais le policier cheveux court dit que le test a mal été effectué. Je recommence encore une fois et toujours négatif mais le policier dit que ce n’est pas bon car je ne souffle pas correctement. Il ricane et me dit que je suis mythomane, folle et que je devrais me faire soigner. Je lui explique que je suis présidente d’une association qui lutte contre les violences et que ce qu’il me fait est une violence pour laquelle je porterai plainte devant l’IGS. J’essaie de lui expliquer (poliment) que je n’ai strictement rien à me reprocher alors qu’il arrête d’être si agressif envers moi sans raison légitime. Il continue alors je lui dis que la discussion ne peut plus continuer car il est trop agressif et insultant.
Plus tard, deux autres policiers, une femme et un homme d’une cinquantaine d’années, arrivent en renfort et me demandent de leur expliquer ce qui se passe. J’explique que si je fais un chèque, il sera sans provisions car j’ai de gros problèmes financiers et que c’est aussi pour cela que j’avais fait très attention où je me garais. Il me dit que cela n’est pas un souci car avec le délai, je peux faire opposition à l’amende de 136 euros et avoir le temps de trouver l’argent pour m’éviter des problèmes tout en m’exposant plusieurs solutions. Puis, je remercie le policier qui m’accompagne à ma voiture avec sa collègue pendant que je raconte le comportement de leurs collègues et leur dis que dès demain, je porterai plainte à l’IGS. Il me repond que si je leur ai dit cela et qu’en plus ils sont arrivés et ont réglé le problème en cinq minutes alors maintenant ils doivent être « enragés ».
Je sors de la fourrière et vois à ma gauche, deux voitures de police stationnées, je reconnais le policier qui m’a insulté et commence à paniquer quand je vois que les deux voitures me suivent alors que j’entre dans Saint-Ouen. Ils me font signe de me garer, ce que je fais. Je baisse la vitre pour savoir ce qu’ils veulent et ils me demandent de descendre. Je leur dis qu’il n’en n’est pas question et que j’appelle le commissariat pour prévenir de ce qui arrive et demander l’intervention d’un supérieur. J’appelle le commissariat et leur dit que je me trouve devant le 10 rue Morel à Saint-Ouen devant chez Sony et explique la situation (dans le PV, les policiers donnent une autre adresse et disent que la 2e voiture est arrivée après en renfort). Cela les fait rire et ils me disent que je peux appeler tant que je veux car ce sont des collègues qui reçoivent l’appel. L’un des policiers passe à l’arrière et va pour casser ma vitre aussi je la descends et leur dis que cela n’est pas nécessaire. Ma voiture est envahie par les policiers, deux m’agrippent par l’arrière pendant que leurs collègues ouvrent ma portière. Une femme policière me prend le bras gauche tout en me le tordant pour me faire sortir du véhicule pendant que l’un de ses collègues me tire pour m’extirper du véhicule. Elle me dit « là c’est fini de rigoler, tu sors de là connasse ». Je me retrouve cernée par les policiers qui me tiennent les bras à l’arrière dont le bras gauche qui est tordu et me fait horriblement mal. Je le leur dis et au lieu de relâcher la pression, il ou elle m’appuie encore plus fortement dessus. Le policier agressif se met à imiter ma voix en me disant « alors tu fais quoi maintenant ? Ils sont où tes copains qui vont te sauver ? » Je lui réponds que les choses ne seront pas ainsi et que dès demain, je porterai plainte contre leurs méthodes et que des policiers comme eux sont la honte de la police. Ils me mettent les menottes en les serrant fortement puis me font monter dans un véhicule de police. Dans le véhicule deux policières m’encadrent, l’une me pousse avec le coude car je suis collée à elle.
Nous arrivons vers 4h30 au commissariat rue Truffaut dans le 17e et je suis montée au 3e pour subir un test d’alcoolémie. Les policiers d’abord pénètrent dans le bureau pour discuter avec leurs collègues puis me font rentrer et me soumets au test d’alcoolémie persuadée qu’il sera négatif mais il indique 0,25 mg. Je dis que cela est impossible et demande à recommencer : le test indique toujours 0,25. Ce que je conteste. Je suis redescendue et menottée à un banc.
Vers 9h00, on me donne un jus d’orange et des gâteaux. Je vois d’abord un OPJ qui m’indique que je dois aller à une visite médicale si je veux être libérée rapidement et je signe le document qu’il me présente, trop pressée de sortir. Nous partons pour Bichat (je suis menottée) et là j’ai affaire à des policiers courtois et compréhensifs, à qui j’explique mon histoire. Ils ne sont même pas étonnés de mon aventure et me disent qu’effectivement les policiers en question devaient être très en colère car ils ont été ridicules vis-à-vis de leurs collègues et parler d’IGS les énerve toujours. Ils me racontent aussi qu’il y a déjà de nombreux problèmes parfaitement connus au commissariat sur ces enlèvements illégaux car des policiers ont eu leurs véhicules enlevés alors qu’ils étaient sur des emplacements autorisés. A Bichat, je vois le médecin et je suis tellement fatiguée et pressée de sortir que je ne lui montre pas mes poignets ni ne lui parle des douleurs aux bras et au dos. Je pensais aller chez mon médecin dès que je serais dehors pour faire constater.
Nous retournons au commissariat (non menottée) où je suis de nouveau fouillée et on me retire mes sous-vêtements, montre et bijoux. Je suis mise dans une cellule crasseuse sentant l’urine et pleine de crachats complètement au fond où nul ne pouvait me voir tout comme je ne pouvais voir personne.
J’attends en croyant que je vais bientôt sortir et quand on vient me chercher au bout d’au moins deux heures, je crois que ma libération est proche. Mais c’est pour prendre mes empreintes et des photos. Je reste menottée à un banc à côté d’un autre interpellé qui lui n’est pas menotté pendant que tout le monde est parti manger. Puis on me redescend encore en cellule et on me dit qu’il faut attendre l’OPJ qui doit me signifier la fin de ma garde à vue. J’attends et vers 16h30 je suis de nouveau remontée au 3e où je vois le même OPJ que le matin, qui me dit qu’il doit m’auditionner pour qu’ensuite le procureur puisse autoriser ma sortie. Je lui demande combien de temps cela prendra, il m’indique 20 minutes à 2 heures maximum. Je lui demande si je peux téléphoner à mon fils qui doit s’inquiéter et il me répond que c’est lui qui parlera mais que je n’en ai pas le droit. Je lui demande ce qu’il compte lui dire et il me dit qu’il lui dira que je suis au commissariat en garde à vue et je refuse en lui disant que puisque je vais bientôt sortir, il est inutile de l’inquiéter ainsi car il ne pourra que paniquer en entendant une telle nouvelle. Un policier entre et demande à l’OPJ si je suis Me……. et dit qu’il y a un appel téléphonique me concernant.
Je suis redescendue en cellule et le temps passe. Je tape à la vitre quand j’entends un policier et lui demande l’heure qu’il est : 18h30. Je demande à ce que l’on se renseigne sur ma libération et à téléphoner car là mon fils et mon entourage doivent être très inquiets de ne pas avoir de nouvelles ni de réponses à mon portable qui a sonné plusieurs fois lorsque j’étais en audition. Le policier revient en me disant que j’ai refusé l’avis à famille quand cela m’a été proposé ce qui est faux car nul ne me l’a indiqué. Il revient en me disant que le chef de poste me refuse cette possibilité. Le temps passe et je retape à la vitre quand j’entends un policier passer, je lui demande d’intervenir pour que je puisse téléphoner et qu’il me dise quand est-ce qu’enfin je pourrai sortir. Il m’explique qu’il a entendu parler de mon affaire et que je vais être confrontée aux policiers que j’accuse mais que cela ne sera pas avant 22 ou 23h. Je lui dis que je refuse une confrontation seule et que je demande l’assistance d’un avocat. Il me dit qu’il va voir cela avec l’OPJ et puis plus rien jusqu’à ce que l’on vienne me chercher aux environs de 22h30.
On me remonte au 3e et j’entre dans une pièce où je reconnais l’un des policiers de la veille. Le policier essaie de me faire dire que j’ai pu porter des coups aux policiers sans le faire exprès, ce à quoi je réponds que cela aurait été bien difficile vu leur nombre et mon gabarit. Je refuse qu’il écrive cela car ça ne correspond en rien à la réalité.
Il me relit ma déposition en me disant que nul ne pourra parler de discrimination puisqu’il est « arabe ». Je lui réponds que rencontrant souvent des jeunes victimes de violences policières, il est parfaitement connu que les policiers de couleur ou maghrébins sont bien plus durs envers leurs compatriotes et que rien que le fait qu’il ne me regarde jamais en face mais cherche toujours l’œil approbateur de ses collègues démontre que cela est vrai. Ils me disent qu’ils ont l’habitude d’avoir à faire à des personnes qui s’inventent une vie mais que la plupart sont des mythomanes (il y avait 4 policiers). Je leur réponds qu’ils peuvent parfaitement vérifier et que si l’on m’autorise enfin à appeler ma cousine, je prouverais que je suis bel et bien une présidente d’association luttant contre les violences de toutes sortes et que j’ai de très bonnes raisons pour cela. Quand il me fait lire la convocation en justice, je refuse d’abord de la signer car il est indiqué que j’ai insulté et frappé des policiers ce qui n’est pas vrai. Mais un policier gradé vient me dire que si je refuse de signer je ne pourrai sortir et resterai en garde à vue alors je signe.

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