jeudi 8 janvier 2009

Quand la police poursuit un médecin urgentiste pour outrage

OSTO-OUTRAGE
Le métier d’urgentiste n’est pas de tout repos. Ni sans risque. Mais le danger ne vient pas toujours de là où on s’y attendrait… Le témoignage du Docteur Jean-Christophe BOULARD, praticien hospitalier à l’hôpital Lariboisière, en apporte la preuve.

Médecin urgentiste, praticien hospitalier à l'hôpital Lariboisière à Paris, j'ai moi-même été l'objet d'une plainte pour outrage à personne dépositaire de l'autorité publique pour avoir refusé, le 16 décembre 2006, de délivrer un certificat médical que les policiers exigeaient de moi alors qu’ils ne me délivraient pas de réquisition comme la loi les y oblige. Je refusais de délivrer ce certificat parce que c'était le 10e patient alcoolisé présenté cette nuit-là par les policiers, et que je n'avais pas assez de temps pour m’occuper des malades (et pas un instant non plus pour manger...).
  Je n'ai eu aucun propos ni geste outrageant contre les policiers. J'ai fait l'objet d'un contrôle d'identité humiliant devant les patients de la salle d'attente, alors que mon nom figurait clairement sur mon badge professionnel. La plainte a été classée sans suite par le procureur "sous condition de non-réitération dans les 3 ans". Je n'ai donc même pas eu la possibilité de défendre ma position.
  J'ai vécu ces mesures comme un abus de pouvoir, et une intimidation efficace: je suis obligé malgré moi de délivrer, comme mes collègues, des certificats médicaux sans réquisition. Il s'agit de personnes (plus de 10, certaines nuits) conduites menottées aux Urgences parce qu'elles ont bu un peu d'alcool, sans être ivres le plus souvent, accompagnées chacune par 5 policiers, qui font du bazar dans la salle d'attente, et nous empêchent de soigner sereinement les malades et dispersent notre attention d'auprès les malades graves. On gagnerait beaucoup à faire examiner ces personnes dans les locaux de la police, comme le recommandent les bonnes pratiques professionnelles.
  L'Assistance Publique Hôpitaux de Paris a refusé de me soutenir, préférant continuer d'entretenir de bonnes relations avec les autorités de police, aux dépens des malades des urgences qui sont ainsi privés chaque nuit de la disponibilité de médecins déjà en nombre notoirement insuffisant. J'avais moi-même reçu ce soir-là un crachat en pleine figure par un homme ivre. Et c'est moi qui ai été accusé d'outrage ! Quand il m'est arrivé d'aller au commissariat pour me plaindre de telles agressions, qui sont fréquentes aux urgences, on m'a dissuadé de déposer plainte.

2 commentaires:

outrageur condamné a dit…

Où ils est prouvé, une fois de plus, que le délit d'outrage est appliqué à tout citoyen en dehors de toute logique et qu'ainsi nul n'est à l'abri d'abus de pouvoir

오피 op-best.com a dit…



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