vendredi 27 mai 2016

Alexandre de Bosschère, le procureur d'Amiens qui requiert 5 ans de prison ferme contre Manon, étudiante, pour avoir jeté un micro contre un CRS. Procès le 10 juin.


Manon, étudiante en licence de Science politique à l’Université de Picardie, a participé le jeudi 28 avril à l’occupation de l’Hôtel de Ville d’Amiens, dans le cadre du mouvement social contre la loi Travail, occupation. L’occupation s’est déroulée pacifiquement jusqu’à l’arrivée musclée des forces de l’ordre qui ont procédé à l’évacuation des manifestants de façon brutale. Alors qu’un manifestant se faisait matraquer, Manon a voulu le défendre et a lancé un micro en direction des forces de l’ordre, sans occasionner la moindre blessure.
Convoquée le 12 mai au commissariat, gardée à vue pendant toute une après-midi et une nuit entière, Marion a été déférée devant le Procureur de la République, qui requiert 5 ans de prison ferme. Placée sous contrôle judiciaire, après une perquisition menée à son domicile, l’étudiante est accusée de violence à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique et de dégradation de bien public. Choquée, elle attend son jugement prévu le 10 juin.
On lira avec intérêt le papier de Pascal Maillard sur Mediapart.

Procureurs de choc : Alexandre de Bosschère, digne successeur de Bernard Favret
Bernard Favret, l’ancien
Un fois qu'on a dit cela, qu'on s'est insurgé, qu'on a signé la pétition, il convient de poser une question, que les médias s'abstiennent généralement de faire, en avançant à pas de loups, car ces gens-là de "justice" sont parfois très chatouilleux, à l'image de Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes, dont toutes les plaintes contre des blogueurs ou des sites, dans le cadre des violences policières à Nantes ont été classées.

Alexandre de Bosschère, le nouveau
Mais qui est ce procureur ? Qui est cet homme qui propose d'envoyer en prison pour 5 ans une jeune fille qui a jeté un micro sur un flic, qui n'a même pas été blessé ? On se souvient de Bernard Farret, procureur de la Somme, ardent diffuseur des patrons et des puissants, qui s'était illustré dans l’affaire Good Year en prononçant des peines d’emprisonnement contre des syndicalistes. Mais il ne s'agit pas de lui, puisqu'il vient de quitter ses fonctions, remplacé par Alexandre de Bosschère.
Et alors ? Alors, rien : l'homme qui vient de requérir 5 ans d'emprisonnement contre Marion pour avoir jeté un micro à la tête d'un CRS s'appelle Alexandre Bosschère. Retenez bien ce nom : il y a fort à parier qu'à l'aune du détestable climat ambiant (état d'urgence, arrestations préventives, interdictions de manifester, arrestations arbitraires, assignations à résidence, perquisitions arbitraires, violences policières institutionnalisées), on entend assez rapidement parler de ce monsieur, précédemment en poste à Rennes, dans les gazettes…

Manon, ainsi que Jules, qui comparaissait pour des raisons similaires, ont été condamnés à 90 jours de TIG (travail d'intérêt général). Ils ne feront pas appel.

mercredi 18 mai 2016

Manifestation "Stop à la haine anti-flic" : la place de la République en état de siège

La place de la République, où avait lieu la manifestation "Stop à la haine anti-flic", à l'initiative du syndicat Alliance, était ce matin en état de siège. Impossible d'y accéder. Sans doute pour éviter aux Parisiens de lire les noms des 124 personnes tuées par la police ces dernières années, dont la quasi-totalité est originaire des quartiers défavorisés et, le plus souvent, d'origine immigrée (Arabes, Noirs, etc.)

Classement sans suite de la plainte de de Brigitte Lamy, la magistrate qui estime que la police a le droit de crever les yeux les manifestants,

© La lettre à Lulu
Quatre jeunes mutilés pour raison d’État
La plainte de Brigitte Lamy contre Jean-Jacques Reboux, à qui un OPJ nantais affirmera lors de son audition, qu’il est impossible, pour un policier, de viser un manifestant, a été classée sans suite. À noter que le parquet de Saint-Nazaire, qui doit être très occupé en ces temps troublés d’état d’urgence et de manifestations à répétition contre la loi-Travail, ne s’est pas donné la peine d’informer la personne poursuivie, qui a été informé par un journaliste nantais.
Comme le rappelle le sieur Reboux sur son blog, il est donc désormais possible d’affirmer que Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes (promue depuis procureure générale près de la Cour d’appel d’Angers), estime que la police a le droit de crever les yeux des manifestants.
À ce propos, Pierre Douillard-Lefèvre, qui eut un œil crevé par un tir de LBD (lanceur de balles de défense) en 2007, lorsqu’il était lycéen – tout comme Quentin Torselli et quelques autres lors de la manifestation anti-ND-des-Landes de février 2014 –, vient de publier un essai passionnant, dont il est fait état ci-dessous.

Le (magnifique) portrait en pied de Brigitte Lamy écrasant de son séant un Code pénal ensanglanté a paru dans le magazine satirique nantais La lettre à Lulu.

L’Arme à l’œil. Violences d’État et militarisation de la police, un essai de Pierre Douillard-Lefèvre (Le Bord de l’eau)

Pierre Douillard-Lefèvre a été mutilé par un tir de lanceur de balle de défense (LBD) en 2007 quand il était lycéen. Aujourd’hui étudiant en sciences sociales, il vient de publier un essai édifiant, fort bien documenté, sur l’armement répressif du maintien de l’ordre : L’Arme à l’œilaux éditions Le Bord de l’eau.

Comme le rappelle cet article, le gouvernement se sert de l’état d’urgence pour empêcher la contestation de la loi-Travail. C’est dans ce cadre Pierre a été "interdit de séjour" le 17 mai à Nantes.

Nicolas de la Casinière l’a interviewé pour Reporterre.

samedi 7 mai 2016

Violences policières. "Tout est mis en place pour que ça dégénère", entretien avec un flic "lucide"

"Tout est mis en place pour que ça dégénère", note Alexandre Langlois, secrétaire général de la CGT police, à propos des manifestations contre la loi El Khomeri et de Nuit Debout, et l’ultra-violence de la répression policière. À lire dans L’Humanité.
C’est aussi la conclusion à laquelle parvient Fabien Jobard, chercheur au CNRS, dont on a déjà pu lire les analyses sur le site du CODEDO, dans un entretien au JDD.

jeudi 5 mai 2016

Siné est mort ce matin, Claude Askolovitch, Philippe Val et Jean Sarkozy sont toujours vivants


Siné fut avec Cavanna, Luz, Charb, Tignous et Loup (disparu lui aussi en 2015), l’un des premiers signataires de notre pétition demandant en 2008 la dépénalisation du délit d’outrage. Plus tard, Siné Hebdo consacra une magnifique double page à notre combat.
Ce vieux renard de Bob est mort ce jeudi matin à 8 heures. Les outrageurs ont du chagrin.
Pour celles et ceux à qui échapperaient le sens du titre : "Siné est mort ce matin, Claude Askolovitch, Philippe Val et Jean Sarkozy sont toujours vivants." Lire ICI.

mercredi 4 mai 2016

Violences policières. Bernard Cazeneuve, Michel Cadot : les fantômes de Jules Moch et de Maurice Papon


Deux mois après la publication du rapport alarmant de l’ACAT sur les violences policières en France, celles-ci n'ont cessé de se développer, avec une sauvagerie et une barbarie de plus en plus effrayantes. Parmi les nombreux articles parus sur les innombrables violences policières rythmant les manifestations contre la loi travail et les "Nuit debout", à Paris comme en province, mais aussi la manifestation parisienne du 1er mai, voici un papier paru dans Rue89, qui résume assez bien la situation.

Michel Cadot, préfet de police de Paris
On lira aussi ce billet éloquent (Quelque chose de pourri au royaume de France), sur le blog de Julien Salingue.
Suite à la manifestation de Rennes, où un manifestant a eu un œil crevé par un tir de flash-ball, Olivier Besancenot demande l'interdiction du flash-ball. À noter que dès juillet 2007, le défenseur des lois, Jacques Toubon, qui n'est pas suspect d'être un gauchiste, en avait demandé l'interdiction. Ce qui ne semble nullement émouvoir le pouvoir "socialiste" aux abois d'une France qui ressemble de moins en moins à un État de droit. 
Jules Moch
Il est permis d'affirmer que le préfet de police de Paris, Michel Cadot, semble plus proche d’un Maurice Papon (préfet de police de Paris lors des massacres d’Algériens d’octobre 1961) que d'un Maurice Grimaud (préfet en mai 1968), qui déclarait dans une "lettre aux policiers" restée fameuse : "Frapper un manifestant tombé à terre, c'est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu'ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés."
Ce qui ne semble pas être le souci du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, plus proche du sinistre ministre de l’Intérieur Jules Moch qui faisait tirer sur les mineurs en 1947, quelques années avant l’arrivée dans la vie politique de Guy Mollet, dont François Hollande et son Premier ministre Manuel Valls, chantres de l’État d’urgence et de la déchéance (finalement avortée) de nationalité, suite aux attaques terroristes du 13 novembre 2015, se montrent les indignes héritiers.