mercredi 13 janvier 2016

Bobigny. Un policier avoue à la barre qu'il a menti pour couvrir son collègue Damien Saboundjian, qui prétend avoir tiré sur Amine Bentounsi en état de légitime défense

Le 12 avril 2012, Amine Bentounsi, en cavale, poursuivi par des policiers, était tué d’une balle dans le dos par un policier, Damien Saboundjian, qui comparaît depuis le 11 janvier devant la cour d’assises de Bobigny, répondant du chef d’accusation "d’avoir donné la mort sans intention de la donner". Le policier, comme toujours dans pareil cas, invoque la légitime défense. Les syndicats policiers, comme toujours – et en particulier le très droitier syndicat Alliance – viennent au secours de leur collègue, à coups de mensonges souvent grossiers.
Hier, alors que ce procès intervient dans un climat délétère, sur fond d’état d’urgence, de lois d’exception réduisant la liberté d'expression, et de pouvoirs toujours plus grands attribués aux policiers et leur attribuant systématiquement le bénéfice de la légitime défense,  il s’est pourtant passé quelque chose d’inédit lors de l’audience, qui pourrait bien constituer une date importante dans la trop longue histoire des violences policières impunies et la mansuétude de la justice vis-à-vis des policiers incriminés * et relancer le débat sur l’usage des armes par les forces de l’ordre. Hier, donc, mardi 12 janvier 2016, l’un des collègues du policier a craqué à la barre et a avoué qu’il avait menti pour couvrir son collègue, comme le relatent Le Parisien et Mediapart.

Il convient de rappeler que cela n’aurait sans doute pas été rendu possible sans le combat acharné d’Amal Bentounsi, la sœur d’Amine, au sein du collectif Urgence, notre police assassine en toute impunité, pour faire éclater la vérité sur cette énième mort par un membre des "forces de l’ordre", le plus souvent à caractère raciste. Amal Bentounsi, qui avait organisé le 31 octobre 2015 à Barbès, une marche des femmes contre les violences policières et le "racisme d’État", évoquait sur I.tele, un "homicide volontaire".
Amal Bentounsin, qui, dans l’entretien avec le site Les mots sont importants.net, conclut par ces mots : "Il faut créer un véritable rapport de forces. Les victimes de violences policières ont besoin d’être soutenues parce que l’injustice crée des monstres. Ce combat est une forme de thérapie : nous sommes presque d’utilité publique."

* On rappellera ici l’attitude fort magnanime envers les policiers violents de Mme Brigitte Lamy, procureure de la République de Nantes, qui classa sans suite la plainte de six manifestants gravement blessés par des policiers lors d’une manifestation contre l’aéroport Notre-Dame-des-Lances, en février 2014, mais qui, n’écoutant que son courage, n’hésita pas à poursuivre pour "injures publiques" un écrivain blogueur, co-fondateur du CODEDO, qui avait justement dénoncé cette attitude.

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